La Vaccination, Histoire Et Principes

Depuis une quinzaine d’années, la vaccination est un sujet qui fait débat en France. Il faut noter, et c’est important, que c’est beaucoup moins le cas dans le reste du monde. Cette fiche synthétique a pour objet de rappeler ce que l’on sait des vaccins, ce qui est démontrable et démontré. Rappelons d’abord l’histoire du vaccin, sa nature et sa composition. Cela permettra ensuite de présenter les termes des différentes controverses avec plus de précision, tant il est vrai que sur ce sujet, le flou engendre le faux.

I. Qu’est-ce que la Vaccination ?

  • C’est un acte médical : Il consiste à inoculer à un patient sain un produit qui va éduquer son système immunitaire à reconnaître et combattre une maladie qu’il pourrait être amené à contracter dans le futur.
  • De prévention, dit « prophylactique ». Sa caractéristique principale, l’administration à des sujets sains, la distingue donc de la médecine traditionnelle, thérapeutique, où le médicament soigne un sujet déjà malade, (même si certains médicaments ont une composante préventive).

Il n’existe à l’heure actuelle que des vaccins prophylactiques, le cas de la rage n’est une exception qu’en apparence. Le vaccin antirabique est certes administré après la contamination par morsure, mais le virus qui infecte les neurones remonte les nerfs très lentement. Le vaccin a produit son effet avant que le virus ait pu remonter jusqu’au cerveau.

II. L’Histoire de la Vaccination : une découverte progressive

Il y a 225 ans, avant la découverte des premiers vaccins, les maladies infectieuses constituaient la première cause de mortalité, tuant un quart ( 25% ) des enfants, décimant les familles, quel que soit le milieu social (Ramsès V est mort de la variole, Louis XV aussi).

A. Les commencements

Sans doute depuis le XIe siècle, la médecine chinoise avait empiriquement mis au point une «vaccination» contre la variole, maladie infectieuse très contagieuse qui a emporté des centaines de millions de personnes au cours des siècles. Cette vaccination spécifique (« variolisation ») consistait à prélever des éléments infectés des vésicules sur des patients faiblement malades pour infecter par contact sur des muqueuses des personnes saines (en particulier des enfants) que l’on souhaitait protéger de ce fléau.

On avait en effet constaté qu’une personne ayant contracté la variole, si elle survivait, ne la contracterait jamais une seconde fois, c’est à dire qu’elle en serait exempte, « immunisée » à vie. Cette pratique était cependant dangereuse, puisque dans 2 à 3% des cas, la personne « variolisée » développait une forme virulente et en mourait. Suivant les circuits des échanges commerciaux, cette pratique arriva d’abord en Angleterre, puis dans le reste de l’Europe au XVIIIe siècle.

B. Edward Jenner

Il découvre, par observation et déduction, le premier vrai vaccin.

Médecin anglais de la fin du XVIIIe siècle, il observa que les paysans au contact de bétail infecté par une maladie appelée cowpox (littéralement «variole de la vache»), étaient temporairement incommodés par des pustules sur les mains, mais devenaient immunisés contre la vraie variole. Il imagina d’inoculer volontairement les patients avec cette maladie (auquel il donna le nom de «variolae vacciniae»- variole de la vache) au lieu de les « varioliser » selon la technique antérieure. Cette nouvelle méthode offrait l’avantage d’être beaucoup moins dangereuse : peu d’effets secondaires, et en particulier suppression du risque de développer une forme virulente de la maladie.

Le vaccin était né, même si le concept n’existait pas encore, puisqu’on ne savait pas que ce procédé pourrait être étendu à d’autres maladies infectieuses. La pratique se propagea en Europe puis dans le monde au XIXe siècle.

Dans le premier quart du XIXe siècle, l’espérance de vie passa de 23 ans à 38 ans pour les hommes et de 27 ans à 41 ans pour les femmes pour les populations vaccinées !  Ce changement extraordinaire est à porter au crédit du seul vaccin de Jenner, puisque les autres progrès de la médecine, hygiène, sulfamides, antibiotiques…appartenaient au futur.

C. Louis Pasteur

On lui doit la théorisation de la vaccination et l’extension de son domaine d’application.

En 1879, suite à une expérience sur le choléra des poules, Louis Pasteur découvre fortuitement que l’on peut atténuer les souches d’une maladie virulente, et que ces souches atténuées font alors office de vaccin, protégeant  l’animal auquel on inocule ensuite une souche virulente de la même maladie.

A la différence de Jenner, donc, Pasteur n’a pas besoin qu’il existe une maladie «cousine» faible de la maladie infectieuse à combattre. Cela multiplie le champ des possibles.

Pasteur en 1880 étudie la maladie du charbon (anthrax) et découvre le moyen d’atténuer ces souches bactériennes. Outre ce succès ponctuel important, il fait ainsi la preuve que cette méthode de l’«atténuation» est transposable et généralisable.

En 1885 Louis Pasteur et Emile Roux parviennent à atténuer le virus de la rage et à sauver un enfant de 9 ans, Joseph Meister, entrant ainsi dans la légende.

III. Le Mécanisme de la Vaccination

A. Un double principe

  • le système immunitaire a une mémoire, on peut donc l’«éduquer» afin de pouvoir réagir plus vite et plus fort. Confronté à un agent pathogène, il apprend à le reconnaître à l’avenir et à produire immédiatement et en quantité les anticorps (immunoglobuline, ou Ig) adaptés à la menace.
  • il est possible d’atténuer les agents pathogènes source d’infection. On permet ainsi leur confrontation au système immunitaire sans mettre en danger l’individu vacciné.

D’abord empirique, la fabrication des vaccins a donné lieu à la fin du XIXe siècle à la création d’un cadre théorique, l’immunologie, afin de comprendre pourquoi ces vaccins fonctionnaient et de quelle manière on pouvait appliquer cette méthode à d’autres maladies infectieuses.

B. La composition d’un vaccin.

1. Les principes actifs : les antigènes.

On sait à présent qu’un vaccin doit être composé d’antigènes d’agents infectieux. Ces antigènes sont des produits biologiques (des microbes vivants atténués, ou des microbes inactivés ou tués ou encore des fragments de microbes), par opposition à la plupart des médicaments qui sont des composés chimiques naturels ou de synthèse. Ces antigènes gardent cependant la capacité d’activer le système immunitaire qui les reconnaîtra bien comme «étrangers».

  • Les vaccins vivants atténués :

Par expérimentations et duplications multiples, les souches virulentes sont atténuées jusqu’à perdre leur pouvoir pathogène. Ces vaccins vivants sont plus efficaces et ont un effet plus durable que les autres, et ne nécessitent donc pas d’adjuvants. Par contre, en tant qu’organismes vivants, ils doivent être conservés au froid, ce qui peut rendre les campagnes de vaccination plus compliquées.

  • Les vaccins inactivés

Ils sont composés d’agents infectieux tués ou inactivés par traitement chimique ou par la chaleur : ceux-ci contiennent les antigènes. Ces vaccins requièrent donc des conditions de transport et de stockage moins strictes que les vaccins vivants, et se conservent plus longtemps.

Ils sont par contre plus coûteux : les micro organismes morts ne se multiplient pas d’eux même dans l’organisme ; il faut donc mettre dans le vaccin un nombre de germes plus important, utiliser des adjuvants pour maximiser l’effet de ces germes, et prévoir (pour que la quantité soit suffisante) plusieurs administrations successives du produit.

  • Les vaccins sous-unitaires :

Ils contiennent seulement des fragments de microbes ou de toxines. Ces fragments sélectionnés permettent au système immunitaire de reconnaître le germe entier. Quant aux toxines qui sont des substances toxiques élaborées par un organisme vivant (bactérie, champignon, animal), elles peuvent être inactivées par traitement chimique ou chauffage tout en gardant leurs propriétés de vaccination.

De nos jours, d’autres vaccins sont fabriqués par génie génétique : l’antigène est produit à partir d’un gène du microbe.

Ces vaccins sous unitaires présentent à peu près les mêmes avantages et inconvénients que les vaccins inactivés.

2. D’autres composants : adjuvants conservateurs, stabilisants, et éléments à l’état de trace.

Les adjuvants augmentent l’efficacité des vaccins inactivés et des vaccins sous unitaires en stimulant l’inflammation à l’endroit où le vaccin est injecté, contribuant ainsi à amorcer plus fortement et à augmenter ensuite la réaction globale du système immunitaire. Il existe de nombreux adjuvants, dont des mélanges d’huile et d’eau et des sels d’aluminium, qui font débat actuellement, mais qui sont utilisés depuis plus de 90 ans.

Les conservateurs (thiomersal par exemple) préviennent la contamination des lots, et les stabilisateurs maintiennent la qualité du vaccin entre sa production et son administration.

Selon la façon dont ils ont été fabriqués, les vaccins peuvent aussi contenir des éléments à l’état de trace (ex : protéines d’œufs, ce qui est important pour les allergiques).

– Le recueil et la synthèse des informations ont été réalisés par C. Vidal –